FIN(S) du monde

 

 

« On appelle fin du monde le jour où le monde se montre juste ce qu'il est : explosif, submersible, combustible, comme on appelle guerre le jour où l'âme humaine se donne à sa nature. »

Jean Giraudoux (Sodome et Gomorrhe, 1943)

 

 

Introduction

 

En 1933 Felix Feist détruit le monde, et plus particulièrement New-York (déjà !), à coup de tsunamis géants et de séismes colossaux. Il filme ensuite la survie difficile de quelques rescapés. Ce film, Déluge, semble être le 1er film sur la fin du monde.

 

(1) Il faut distinguer, dans le cinéma de « fin du monde » (et cela n'est pas toujours facile) le film apocalyptique et post-apocalyptique du film-catastrophe.

(2) Les films de fin du monde, comme les films-catastrophes sont bien servis depuis la fin des années 80 et surtout les années 2000 par le progrès assez prodigieux des effets spéciaux numériques ou computer-generated imagery - CGI - en anglais

(3) Expression d'Alain Dorémieux dans sa préface de Future année zéro, ou neuf regards sur un avenir proche sans lendemain, 1975.

 

(4) Expression de Jacques Goimard dans l’anthologie de Histoires de fins du monde, 1974.

(6) Après avoir vaincu les hordes d'Immortan Joe, Max retourne à la Citadelle et assiste à l'accession au pouvoir de Furiosa.

(5) Il est difficile de faire ce distingo car le film de zombies relèvent autant du fantastique, de l'horreur que de la Sf

(7) Aurélien Bellanger, dans sa chronique du 3 janvier 2019, exprimait un coup de gueule contre l'accumulation de séries et/ou films dystopiques et/ou collapsologiques qu'il résumait dans le titre de la chronique, Un art totalitaire

I- Alerter ou endormir ?


 

Le plus souvent sombres et violents, les films de fin du monde fonctionnent sur le principe du lanceur d'alerte mais leur (sur)abondance et les facettes cachées de leur discours alarmiste peuvent-elles, au contraire, endormir le spectateur quant à la 'catastrophe' à venir ?


 

A) Etude de cas : Le jour d'après

 

 

  • des héros positifs incarnés par des vedettes : Dennis Quaid et Jack Gyllenhaal prêtent leur notoriété au 2 rôles principaux, le climatologue Jack Hall et son fils Sam ;
  • la notion de sacrifice : si les 2 héros survivent (au prix de souffrance et courage) le professeur Rapson (Ian Holm), resté jusqu'au bout dans son laboratoire, périt lors d'une tempête gigantesque ;
  • une fin heureuse : la fin du monde est évitée mais d'une façon très intéressante puisque ce sont les Nord-Américains qui vont quérir asile auprès de leur voisin du Tiers Monde, le Mexique !
  • des allusions bibliques : par exemple, avant la glaciation, la côte est des États-Unis est frappée par un déluge quasi biblique ; ou encore lorsque, enfermés dans la Bibliothèque de New-York, un groupe de survivants doit brûler des livres pour se réchauffer... et devinez quoi... la Bible (certes c'est la Bible de Gutemberg) est préservée, même si l'un des protagoniste affirme son athéisme) ;
  • une mise en accusation de l'homme : dans le film c'est le vice-président Becker (Kenneth Walsh) qui personnifie les climatosceptiques... avant une rédemption expresse style virage à 180 degrés ;
  • un certain discrédit de la science et du politique : le film est un contre-exemple pour ce qui est de la science, plutôt valorisée, mais est assez dur vis à vis du politique qui échoue à empêcher la catastrophe ;

 

Conclusion

On peut se poser, pour finir, la question de l'impact du film. Certes le discours est clair et l'impact visuel fort : si nous ne faisons rien à propos du réchauffement climatique la catastrophe nous guette. Pas si simple ! En effet le film est dénué de toute tension idéologique, ce qui en dépolitise le propos. D'autre part, en rendant cette catastrophe spectaculaire mais peu crédible au regard de l'échelle de temps le film ne contribue-t-il pas à une sorte d'habituation / familiarisation du spectateur contribuant ainsi à « dé-réaliser » les menaces pesant sur l'environnement ?

 

2- Le réchauffement climatique selon Hollywood


Dans le film la Nature cherche à anéantir non pas l'humanité mais bien la partie la plus riche de celle-ci puisque les éléments, qui s'abattent avant tout sur les Etats-Unis (un classique !), l'Europe et le Japon, entraînent une sorte d'inversion géopolitique : ce sont les populations du Nord économique (en l’occurrence les étasuniens) qui demandent asile au Sud déshérité (en l’occurrence ici le Mexique) ! Pour rentrer dans les 2 heures du film le réalisateur et son co-scénariste (Jeffrey Nachmanoff) ont du jouer avec les échelles de temps : le réchauffement et ses conséquences météorologiques sont modélisés avec une échéance de quelques semaines alors qu'en réalité l'échelle est de l'ordre de la dizaine voire centaines d'années.

Cette contraction du temps garantit le spectacle (bien servi par des effets spéciaux assez bluffants) et permet de synthétiser également les principales données de la question du changement climatique au travers du personnage du climatologue Jack Hall (Dennis Quaid) :

  • Jake exprime, dans le film, le point de vue de la communauté scientifique contemporaine qui, au travers du GIEC par exemple, dont le 5° rapport de 2014 analyse le changement climatique (et ses conséquences économiques) en le mettant, sans nulle ambiguïté, sur le compte des activités humaines et leur impact sur les Gaz à Effet de Serre ;
  • Jake, affronte au début du film, les climatosceptiques incarnés par le vice-président Becker (Kenneth Walsh) ;
  • le modèle climatique que Jake co-construit avec ses équipes repose sur des postulats communément admis par la météorologie : ainsi le Gulf Stream dont la circulation tempère le climat de l'Amérique du nord et de l'Europe, serait perturbé par la fonte des glaces et perdrait donc ce rôle ; ce modèle est construit, dans le film comme dans la réalité, grâce à des capacités énormes de calculs informatiques ;

Mais, encore une fois, pour les besoins du film, ces données, pour réalistes qu'elles soient, sont concentrées dans une échelle de temps improbable. Prenons 3 exemples :

  • Jack lui-même, au début du film, avoue que l'arrivée de cette nouvelle ère glaciaire prendrait « quelques centaines d'années »... réduites à quelques semaines dans le film !
  • son collègue, le professeur Rapson (Ian Holm), observe une montée des eaux en Nouvelle-Écosse de 7,6 mètres... c'est proche des prévisions scientifiques qui estiment que la fonte de la calotte du Groenland aboutirait à une élévation de 8 mètres... mais en quelques centaines d'années, pas en 1 nuit !
  • enfin le modèle météorologique développé par Jack est validé en quelques minutes... alors que les délais sont plutôt de l'ordre de quelques années !

Ainsi le film repose sur des bases scientifiques solides et crédibles mais des échelles de temps irréalistes.

 

3- Codes pour la fin du monde

 

A partir du film de Roland Emmerich on peut énoncer la plupart des codes Hollywoodiens du film de fin du monde (proche des codes du films-catastrophes d'ailleurs) :

  • un crescendo en 3 étapes : - 1 - La découverte de la menace par des initiés décryptant les signes avant-coureurs : dans le film ce sont les équipes (réduites) du climatologue Jack Hall et du professeur Terry Rapson qui détectent le brutal changement climatique et alertent les autorités ; - 2 - L'aggravation de la situation puis – 3 - La catastrophe elle-même qui se doit d'être spectaculaire : dans le film les effets spéciaux(2) rendent le spectacle de la destruction de Los Angeles ou la glaciation de New-York très impressionnant ;
  • des lieux identifiables : c'est une constante du blockbuster mondialisé que de proposer au spectateur des lieux emblématiques, reconnaissables au premier coup d’œil : ainsi New-York sous les glaces c'est un drapeau américain gelé instantanément, Manhattan et l'Empire State Building figés ou encore la statue de la Liberté enneigée. D'ailleurs pour la promo mondiale du film des affiches spécifiques sont utilisées avec Paris (Tour Eiffel), Londres (Big Ben), Syndey (Opéra), etc.

 

  • dans Apocalypse 2024 (LQ Jones, 1976) : le monde a été détruit par la 4° guerre mondiale en 2007 ;
  • dans Le dernier combat, petit film bricolé par Luc Besson en 1983 (avec Pierre Jolivet, Jean Reno et Jean Bouise) c'est un monde post-nucléaire, dans lequel les survivants, tous des hommes, ont perdu la parole... et les femmes, qui est dépeint ;


A partir des années 60-70 la Sf est catastrophiste (en note : les années 70-90 sont aussi l'âge d'or des films-catastrophes) : elle accompagne l'émergence d'une contre-culture de la contestation au cœur des Trente Glorieuses et les films mettent en scène des fin du monde à partir de scénarii d'extinction (ou presque) de l'humanité résultant de l'activité humaine. Débutée dans les années 70 cette filmographie de la fin du monde apocalyptique se poursuivra jusqu'aux années 2000. Voici une sélection de films dont nous parlerons dans la suite de l'article, classés selon le type de « catastrophe » envisagée (hormis le nucléaire, déjà évoqué) :

  • la pollution : Soleil Vert de Richard Fleischer en 1973 ;  Wall-E de Andrew Stanton en 2008 ; After Earth de M. Night Shyamalan en 2013
  • l'épuisement des ressources naturelles : Mad Max de Georges Miller en 1981 (le pétrole) ;
  • l'effet de serre et le changement climatique : Waterworld de Kevin Reynolds en 1995 ; Interstellar de Christopher Nolan en 2014 ; Le Transperceneige de Bong Joon Ho en 2013 ;
  • la propagation de virus mortels : 28 jours plus tard de Danny Boyle en 2002 ; Je suis une légende de Francis Lawrence en 2007 ; L'Armée des douze singes de Terry Gilliam en 1996 ; World War Z de Marc Forster en 2013 ; la trilogie récente de La planète des singes ;
  • IA et catastrophes technologiques : Terminator de James Cameron en 1984 ; Matrix de Lana et Lily Wachowski en 1999 ;

B) La fonction d'alerte


Les films de fin du monde relèvent quasiment toujours de la dystopie et, à ce titre, ils fonctionnent comme des mises en garde en présentant une situation suffisamment catastrophiste pour inquiéter mais suffisamment crédible pour favoriser l'émergence d'une prise de conscience. Ce sont souvent des films dans lesquels la/les facteurs de la fin du monde sont clairement expliqué(s). Ils permettent de questionner la science, le système socio-économique, le politique, etc.


 

1- Du nucléaire à l'environnement, l'angoisse comme moteur d'alerte

 

Les horreurs de la guerre et des totalitarismes, la découverte des camps d'exterminations, l'usage de la bombe atomique, inaugurent une période où la Sf et son cinéma s'emparent véritablement du thème de la fin du monde, en y mettant l'angoisse nucléaire au cœur :

  • dans The Day the World Ended (1955) Roger Corman scrute avant tout la survie post-apocalypse atomique d'un petit groupe de survivants ;
  • dans Le monde, la chaire et le Diable (Ranald MacDougall, 1959) Ralph (Harry Belafonte) déambule dans un New-York intact mais totalement dépeuplé ;
  • dans Le dernier rivage (Stanley Kramer, 1959) nous assistons aux derniers instants de survivants d'un holocauste nucléaire ; le message du film est clairement et lourdement énoncé vers la fin par une banderole déployée par des croyants portant l'inscription « Il est encore temps, frères » ;
  • dans La planète des singes (Franklin Schaffner, 1968, d'après le roman de Pierre Boulle de 1963) : la saisissante scène finale se suffit à elle-même :

II- denoncer ou exorciser ?


 

Introduction

Proche de la fonction d'alerte on trouve celle de la dénonciation ou du réquisitoire. Mais dans ce cas également il est possible d'y voir un biais, sommes toute très judéo-chrétien, puisque cette dénonciation peut se transformer en une sorte d'exorcisme de la catastrophe. Alors, dénoncer ou tenir à distance ?


 

A) Etude de cas : Wall-E


 

1- Le film

 

En 2008 les studios Pixar sortent Wall-E, l'histoire d'un robot (Waste Allocation Load Lifter-Earthclass) qui, depuis 700 ans, est seul sur une Terre polluée, privée de vie et abandonnée par les hommes, à ramasser et compacter les déchets laissés par les humains. Après sa rencontre avec un(e) autre robot, EVE (Extraterrestrial Vegetation Evaluator), il se lance dans une aventure pour que les derniers humains, qui vivent dans le monde clôt d'un vaisseau spatial puissent revenir sur Terre.

2- La fin du monde « en douceur » ou la grenouille dans l'eau chaude(3)

 

Si les films de Sf se sont emparés de la fin du monde brutale... et spectaculaire, ils ont aussi tenté d'envisager l'apocalypse au ralenti. La plupart du temps c'est dans la description d'un monde post-apocalyptique ou d'un monde à l'agonie. Depuis quelques décennie des films se sont attelés à alerter sur la catastrophe lente qu'est la crise écologique contemporaine dont l'autrice québécoise Elisabeth Vonarburg dit qu'il s'agit d'« une catastrophe au ralenti depuis une quarantaine d’années : c’est le principe de la grenouille dans l’eau chaude ».

Le cinéma de Sf a mis en scène des fins du monde par « stérilité »(4), à savoir lorsqu'un élément clef de la survie humaine disparaît (eau, énergie, enfants, etc.). Prenons 3 exemples :

  • En 1966 Harry Harrison publie Make room ! Make room ! que Richard Fleischer adaptera sous le titre Soleil Vert en 1973 (Grand prix à Avoriaz en 1974). Le film (qui bénéficie de la présence de stars comme Charlton Heston, Edward G.Robinson ou Joseph Cotten) est la 1ère grande œuvre populaire à portée écologique : pour toute une génération c'est le 1er contact avec les questions de surpopulation, d'épuisement des ressources et de menace environnementale. La thématique principale du film se résume en une citation de Harry Harrison, « Un jour nous avons possédé le monde, mais nous l’avons dévoré et brûlé ». Le réalisateur a, sagement, pris la décision de mettre au 2nd plan la question de la surpopulation et de privilégier la question écologique puisque le New-York de 2022 (surpeuplé et surchauffé) dans lequel se déroule le film est le résultat d'une progressive dégradation environnementale accompagnée d'une véritable déshumanisation dont les conséquences sur les 3 piliers du développement durable sont envisagées de manière systémique : la nature (le pilier environnemental) ne donne plus que parcimonieusement ses fruits ; la ségrégation (le pilier social) s'est accentuée de façon abyssale en faisant de l'alimentation (naturelle / artificielle) un puissant marqueur d'inégalités ; de même le contrôle social est de type totalitaire ; enfin la puissante société Soylent (le pilier économique) est animée par le profit et ne recule devant rien pour en assurer la pérennité. Les causes de cette lente dégradation sont concentrées dans le générique avec une dénonciation claire de la révolution industrielle et de l'American Way of Life  (une sorte de concentré de l'Anthropocène) ;
  • Alfonso Cuaron dans Les fils de l'homme (2007) dépeint un monde mourant dans lequel une maladie inconnue et incurable a rendu les femmes stériles. En utilisant brillamment le plan-séquence (souvent 'truqué' grâce au numérique) et l'esthétique du reportage de guerre, le réalisateur met en scène une fin du monde lente en montrant les éléments constitutifs de l'effondrement : implosion des règles de vie en société, fin de l'état de droit, violences politiques, flux migratoires incontrôlés, xénophobie, etc. En privant l'humanité du pouvoir de se reproduire Alfonso Cuaron illustre le « No futur » des Punks des années 80 ;

  • 2 films utilisent une métaphore identique : et si l'humanité perdait un ou plusieurs de ses 5 sens ? Dans Blindness (2008) Fernando Mereilles, adapte l’écrivain José Saramago, et prive les humains de la vue. Cette cécité, qui dérègle le monde et le conduit à sa perte, est là pour rappeler la fragilité de l'être humain. Dans Perfect Sense (2011) David MacKenzie prive, progressivement, l'humanité de tous ses sens, la laissant partagée entre désespoir furieux et appétit pour vivre pleinement les derniers moments ;

BIBLIOGRAPHIE - WEBOGRAPHIE

 

ARTICLES et OUVRAGES

 

 

CHELEBOURG, Christian. Les Écofictions. Mythologies de la fin du monde. Les Impressions nouvelles, 2012.

  • Une analyse du livre dans Patrick Bergeron et Joseph Josy Lévy Apocalypses et imaginaires de la fin du monde, revue frontières, n°25-2, 2013 : VOIR.
  • Une analyse par Viviane Thill sur le site des Climato-realistes : VOIR.
  • Une analyse par Fabrice Boulez sur Nonfiction : VOIR.
  • Une analyse par Valérie Stienon pour Culture, le magazine de l'Université de Liège : VOIR.
  • Sur France Culture dans l'émission Mauvais genre animée par François Angelier (2012) : ECOUTER.


DI FILIPO, LaurentSCHMOLL, Patrick. La ville après l’apocalypse: entre formalisation projective et réalisation locale. Revue des sciences sociales, no 56,‎ 2016, p. 126-133 : VOIR.

 

DUCARME, Frédéric BORTZMEYER, Gabriel CLAVEL, Joanne. Hollywood, miroir déformant de l'écologie. In Le souci de la nature (Anne-Caroline PREVOT - Cynthia FLEURY) Paris, CNRS Éditions, 2017 : VOIR.

 

ENGELIBERT, Jean-Paul.  Apocalypses sans royaume. Politique des fictions de la fin du monde, xxe-xxie siècles. Classiques Garnier, 2013.
 

ENGELIBERT, Jean-Paul.  Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d’apocalypse. La Découverte, 2019.
 

ENGELIBERT, Jean-Paul (dir). Utopie et catastrophe. Revue La Licorne, n°114, Presses Universitaires de Rennes, 2015.
 

ENGELIBERT, Jean-Paul (dir). L’Apocalypse : une imagination politique. Revue La Licorne, n°129, Presses Universitaires de Rennes, 2018.


GENDRON, Corinne - AUDET, René. L’environnement au prisme de la science-fiction. De la dystopie à la reconstruction du rapport homme-nature dans les sociétés postécologiques. Futuribles, n° 413, juillet-août 2016. EN SAVOIR PLUS.

 

GORIELY, Serge. L'imaginaire de l'apocalypse au cinéma. L'Harmattan, 2012.

 

GORIELY, Serge. L'Apocalypse au cinéma. Une filmographie jalonnée de motifs bibliques : VOIR.


JAMET, DidierMOTTEZ, Fabrice. 2012, scénarios pour une fin du monde. Belin, 2009.

 

JENVRIN, Sébastien. Catastrophe, sacré et figures du mal dans la science-fiction : une fonction cathartique. In Catastrophe(s), revue Le Portique, 2009 : VOIR.


LAFARGUE, Jean-Noël. Les fins du monde de l'antiquité à nos jours. Edition F. Bourrin, Octobre 2012.

 

LANGLET, Irène. Science-fiction et fin du monde : l’apocalypse et les usages partiels du genre. Compte-rendu des lectures de Jean-Paul Engelibert, Apocalypses sans royaume (2013) et Fabuler la fin du monde (2019), et de Yannick Rumpala, Hors des décombres du monde (2018). VOIR.

 

MAGNE, Nathalie. Le catastrophisme climatique dans le cinéma grand public. Revue Ethnologie française, n°39, 2009 : VOIR.

 

PITETTI, Connor. Les usages de la fin du monde : l’apocalypse et la post-apocalypse en tant que modes narratifs. Science Fiction Studies, 2017 (Traduction de Aurélie Huz et Alice Ray ) : VOIR.

 

RUMPALA, Yannick. Hors des décombres du monde. Champ Vallon, 2018.

 

RUMPALA, Yannick. Que faire face à l’apocalypse ? Sur les représentations et les ressources de la science-fiction devant la fin d’un monde. In Question de communication, n°30, 2016. : VOIR.

 

SZENDY, Peter. L'Apocalypse cinéma. 2012 et autres fins du monde. Paris, Capricci, 2012.

 

VIDAL, Bertrand. Survivalisme. Etes-vous prêts pour la fin du monde ? Editions Arkhé, 2018.

 

WALLENSTEIN, Martin. La rhétorique du désastre nucléaire dans les films de science-fiction à effets spéciaux. In L'imaginaire du nucléaire, Les cahiers du GRIF, n°41-42, 1989 : VOIR.

 

Fin du monde, un jour c'est sûr... Science & Vie édition spéciale n°35 - novembre 2012

 

 

Sur le WEB

 

Wikipedia

  • Science-fiction post-apocalyptique : VOIR.

  • Apocalypse : VOIR.

  • Eschatologie : VOIR.

  • Fin du monde : VOIR.

  • Survivalisme : VOIR.

 

ADAMS, Sam. La fin du monde approche, et Hollywood a fini par l'accepter. Sur Slate.dr : VOIR.

 

BEGIN, Richard. L’horreur post-apocalyptique ou cette terrifiante attraction du réel. Revue Cinémas, n°20, printemps 2010 : VOIR.

 

COLOMBANI, Florence. Le cinéma imagine depuis ses débuts une planète chamboulée par un cataclysme… De quoi tirer quelques enseignements utiles pour la pandémie ! Article du Point : VOIR.

 

DOMENACH, Elise. Cinécologie, épisode 1 – Le cinéma de Fukushima. Entretien recueilli par Gabriel BORTZMEYER. In Débordements, 29 janvier 2015 : VOIR.

 

FRESSOZ, Jean-Baptiste. Cinécologie, épisode 2 – Ecran carbone. Entretien recueilli par Gabriel BORTZMEYER. In Débordements, 22 mars 2015 : VOIR.

 

LECLERE, Céline. Les fictions d'apocalypse ont-elles pour but de nous rendre meilleurs ? Sur France cluture : VOIR.

 

MESTRE, Abel - ZAPPI, Sylvia. Dans la fiction postapocalyptique, le « monde d’après » n’est presque jamais solidaire, pacifique et collectif. In Le Monde, avril 2020 : VOIR.

 

MICHEL, Ursula. Ils ont filmé la fin du monde. Sur Slate.fr : VOIR.

 

THEVENET , Elisa. Quand la science-fiction abandonne les récits de fin du monde pour un optimisme subversif. Le Monde, juin 2020 : VOIR.
 

VIDAL, Bertrand. Interview dans le journal en ligne CQFD, Entre Mad Max et Pierre Rabhi : le survivaliste. Février 2019 : VOIR.


Festival LES INTERGALACTIQUES de Lyon. La 8° édition (25-30 avril 2019) portait sur Chute et Apocalypses : VOIR. En particulier :

  • L’apostat post-apo : la SF a-t-elle sécularisé l’Apocalypse ? Table ronde avec Avec Catherine DUFOUR, Sylvie LAINE, Ketty STEWARD, Elisabeth VONARBURG. Modération : ALLOUCHE Sylvie : REGARDER
  • Le post-apo : ECOUTER.
  • Quelle société après l’apocalypse ? Rencontre avec deux autrices de SF Yana VAGNER et Élisabeth VONARBURG. Compte-rendu sur le site Usbek&Rica : VOIR.

 

Argh, l’Apocalypse ! Un dossier de 3 articles sur le site Lecinemaestpolitique : VOIR.


Dossier : Les mondes post-apocalyptiques. Balises, le webmagazine de la Bibliothèque publique d'information (2020) : VOIR.

 

La France, patrie de la collapsologie ? Enquète de l'Ifop pour la fondation Jean Jaurès : VOIR.

 

All the best apocalypses : a retrospective from the end of the universe. Article sur le journal américain The Verge, 2015 : VOIR.

 

Toutes les fins du monde auxquelles on a déjà réchappé. Sur Slate.fr : VOIR.

 

Douze scénarios sérieux de fin du monde selon des scientifiques. Sur Slate.fr : VOIR.

 

Qu'est-ce qui pourrait provoquer la fin du monde ? Sur Rfi : VOIR.

 

Post-apocalyptique, récit sous-genre de la science-fiction. In La Geekosophe : VOIR.

 

Le hopepunk, un genre littéraire stimulant. sur le blog de l'écrivaine Astrid : VOIR.

 

Fins du monde. Revue Vertigo n°43, juillet 2012 : VOIR.


 

ECOUTER

 

Pourquoi l’apocalypse fascine-t-elle tant le cinéma ? Débat avec Jean-Baptiste FRESSOZ, Serge GORIELY et Alain MUSSET. In l'émission Science publique animée par Michel ALBERGANTI sur FranceCulture : ECOUTER.


 

 

REGARDER

 

Top 5 Sociétés Post-Apo Écologiques. Sur la chaine Analepse : REGARDER.

 

En attendant l'apocalypse. Sur la chaine Analepse : REGARDER.

 

Le Post-Apo, le meilleur genre de la Science-Fiction ? Sur la chaine Nexus VI : REGARDER.

 

Le Bistro de l'Horreur : Pos-Apo. Sur la chaine FilmoTV : REGARDER.


TSIKOUNAS, Myriam. Filmer la fin du monde, des origines du cinéma à la télévision. Sur Canal-U (2018) : REGARDER.


 

A PROPOS DES FILMS CITES

 

 

  • Listes de films sur la fin du monde

 

  • Fins du monde sur Cinétrafic : VOIR.
  • Post-Apo sur la Wikipedia : VOIR.
  • Fins du monde sur Allociné : VOIR.
  • Survie Post-Apo sur Vodcaster : VOIR.
  • Fins du monde sur Senscritique : VOIR.
  • Fins du monde sur Hyperbate : VOIR.
  • Post-Apo sur Senscritique : VOIR.
  • Fins du monde sur Les Inrocks : VOIR.
  • Post-nuke sur Senscritique : VOIR.
  • Survivalisme sur Vodekaster : VOIR.
  • Survivalisme sur Senscritique : VOIR.

 

 

  • L'armée des 12 singes

BENOIR, Fabien. Faut-il revoie l'Armée des 12 singes ? Sur le site Usbek&Rica : VOIR.

Une analyse sur le site de la RTS : VOIR.

 

  • Armaggedon

La critique sur Nanarland : VOIR.

Sur Cinémachoc : VOIR.

 

  • Avatar

Sur la Wikipedia : Les thèmes traités dans Avatar : VOIR.

BOISSE, Serge. La philosophie d'Avatar. Sur son blog : VOIR.

 

  • Blindness

SHAIMI, Gustav. Une analyse dans Courte Focale : VOIR.

 

  • Deep Impact

Critiques sur Senscritique: VOIR.

 

  • Déluge

La fiche sur le site Films & Documentaires : VOIR.

A regarder en streaming sur le site Internet Archives (en anglais) : REGARDER.

 

  • Le dernier rivage

Une critique par François Bonini sur le site AvoirAlire : VOIR.

 

  • Le dernier survivant (Quiet Earth)

Une critique sur DVDClassik : VOIR.

 

  • The day the world ended

Critique par Emmanuel DENIS sur Devildead : VOIR.

 

  • Le dernier combat

Un article du Point : VOIR.

 

  • Les fils de l'homme

Une critique sur Ecran Miroire : VOIR.

Une critique sur Leblogducinéma : VOIR.

 

 

  • La guerre des mondes (1953 et 2009)

Une critique du film de 1953 par Sébastien MIMOUNI sur DvdClassik : VOIR.

Une critique du film de 2009 par JM LALANNE dans les Inrocks : VOIR.

Une critique du film de 2009 par Raphaël LEFEVRE dans Critikat : VOIR.

 

  • Interstellar

SCHEPMAN, Thibault. Pourquoi « Interstellar » a tout faux sur le chaos climatique. In Le NouvelObs, 2016 : VOIR.

RIGOUSTE, Paul. Interstellar (2014) : L’homme du passé est l’homme de l’avenir. Sur le blog Lecinemaestpolitique : VOIR.

 

  • Je suis une légende

Une critique du film de 2007 par Antoine Rigaud sur DevilDead : VOIR.

Une analyse des 4 adaptations sur le site du Monde : VOIR.

Une critique du film de 1964 (The last man on Earth) sur Cinémachoc : VOIR.

 

  • Le jour d'après

MAGNE, Nathalie. Le catastrophisme climatique dans le cinéma grand public. Revue Ethnologie française, n°39, 2009 : VOIR.

Une analyse sous l'angle du climatologue : VOIR.

Sur Cinéma choc : VOIR.

Sur Première : VOIR.

Une analyse par la paléo-climatologue Valérie MASSON-DELMOTTE : REGARDER.

 

 

  • The Last day

Une critique sur Strange Movie : VOIR.

 

  • Melancholia

Une critique de Serge Kaganski dans les Inrocks  : VOIR.

 

  • Matrix

Une analyse de la trilogie par Tom Delanoue sur Oblikon : VOIR.

Une analyse par Frédéric Grolleau (sur son blog) : VOIR.

 

  • Mad Max

Pour quelle idéologie roule “Mad Max” ? Article de Télérama, 2015 : VOIR.

Docmentaire Mad Max, univers brûlant, Jac & Johan : REGARDER.

DELASSUS, Antoine. Mad Max, genèse d'une saga. In Le Mag du Ciné, mai 2015 : VOIR.

 

  • Minuit dans l'univers

Critique de Jacky Goldberg dans les Inrocks : VOIR.

Critique de Geoffrey CRETE dans Ecranlarge: VOIR.

GUYON, Christopher. Une analyse du film sur Oblikon : VOIR.

 

  • Le Monde, la Chaire et le Diable

Une critique sur DVDClassik : VOIR.

 

  • Perfect Sense

Une critique de Noémie Luciani dans Le Monde : VOIR.

 

  • La planète des singes

Le film de 1968 : sur DVDClassik : VOIR. Sur Cinémachoc : VOIR.

Origines : sur critikat : VOIR. Sur Ecranlarge : VOIR. Le cinéclub de Caen : VOIR. Le Monde : VOIR.

Affrontement : sur Critikat : VOIR. Sur Ecran Miroir : VOIR. Sur Ecranlarge : VOIR.

Suprématie : sur Criticat : VOIR. Sur Ecranlarge : VOIR. Sur Le journalduGeek : VOIR.

 

  • Phénomènes

Une critique des Inroks par JM Lalanne : VOIR.

Prométheus ou la foi et la science réconciliées. Sur ResFuturae : VOIR.

 

  • La route

Une critique sur Libre Savoir : VOIR.


 

  • Resident Evil

Resident Evil : une critique sur Strange Movie : VOIR.

Apocalypse : une critique sur Ecran Large : VOIR.

Sur la série de films sur Première : VOIR.

 

  • Sinking of Japan

Une critique sur Devil Dead : VOIR.

 

  • Soleil vert

MAGNE, Nathalie. Le catastrophisme climatique dans le cinéma grand public. Revue Ethnologie française, n°39, 2009 : VOIR.

 

  • Southland Tales

Une analyse par Guillaume Gas dans Courtefocale : VOIR.

 

  • Terminator

Une analyse sur DvdClassik : VOIR.

 

  • The Omega man

Une analyse par Francis Moury sur le blog de Juan Asensio : VOIR.

 

  • Take shelter

Une critique de Jacques Mandelbaum dans Le Monde : VOIR.

 

  • Wall-E

DELAVAUD, Michaël. Robots after all, une analyse de Wall-E dans la revue en ligne Eclipses : VOIR.

SOTINEL, Thomas. Une critique dans Le Monde : VOIR.

TAIT, Amelia. A list of ways our society is already like Pixar’s dystopia in WALL·E. Article du Newstateman : VOIR.

 

  • Waterworld

Une critique par Antoine Rigaud sur DevilDead : VOIR.

 

  • 28 jours plus tard

BEGIN, Richard. D’un sublime post-apocalyptique “28 Days Later” et les figures du présentisme. Revue Appareil, 2010 : : VOIR.

VELY, Yannick. Une critique sur Filmdeculte : VOIR.

 

  • 4h44 dernier jour sur Terre

Un critique par JB Morain dans les Inrocks : VOIR.

 

  • 2012

U2012, un film passé au crible par les scientifiques. Dans Sciencs&Avenir : VOIR.

Une critique par Sandy Gillet dans Ecran large : VOIR.

 

C) Endormir


La fonction d'alerte des films de Sf portant sur la fin du monde est ambigue et peut être interrogée.


 

1- Habituation


 

Toutes ces fins du monde angoissantes et spectaculaires peuvent avoir une fonction d’habituation en créant une sorte de familiarité avec la catastrophe. Selon Susan Sontag (L’Imagination du désastre, 1965) le désastre dans un film de science-fiction (en l’occurrence ici, la fin du monde) sert à nous « distraire des peurs, réelles ou anticipées » et « à normaliser ce qui est psychologiquement insupportable ». Ainsi ces films reflètent les angoisses de leur époque tout en cherchant à les calmer.

Dans nombre de films la cause immédiate de la fin du monde est montrée : la nature (tsunamis, sécheresse, glaciation), la pandémie, le politique (conflits, terrorisme), l'économie (pénuries). Mais les facteurs originels ne sont pas évoqués. En reprenant les 3 films cités plus haut : dans Interstellar, la Terre devient inhabitable mais on ne sait pas pourquoi ; dans Perfect Sense, les hommes ont perdu leur 5 sens, mais on en ignore les raisons ; dans Les fils de l'homme, on ignore d'où vient la stérilité qui condamne l'humanité ; etc.

Dans ces films la fin du monde apparaît donc comme une fatalité (bibliquement un fléau) hors de toute emprise humaine. Cela prive les spectateurs de la réflexion qui relierait le film au présent vécu.


 

2- Abêtissement (?)


On peut éventuellement conduire une analyse politique à charge contre le cinéma hollywoodien de l'Apocalypse qui endormirait le spectateur afin d'éviter une réflexion plus approfondie sur le sens du spectacle qu'il offre. En effet l'industrie du cinéma aux Etats-Unis est éminemment capitaliste, consumériste et énergivore : elle prend donc sa part dans la crise actuelle. De plus, si dans les films de fin du monde la catastrophe est mondiale, c'est au travers du prisme étatsunien qu'elle est montrée avec une sorte d'inversion des postures : les scènes de destruction se déroulent toutes dans des espaces urbains riches montrant ainsi la souffrance de l'homme et non de la Nature. Enfin, avec des dénouements le plus souvent heureux, du fait de l'action de héros providentiels, on peut se demander si, au coté de la fonction d'alerte, il n'y aurait pas une fonction rassurante dont le biais serait de rendre le spectateur passif ? Cela renvoie au schéma judéo-chrétien du Messie sauveur...

En poussant plus loin l'analyse politique, le cinéma hollywoodien de fin du monde n'assurerait-il pas la promotion d'un système (le capitalisme libéral) capable de s'adapter, même à l'Apocalypse ? L'un des éléments corroborant, en partie, cette analyse se trouve dans le modèle de ces films post-apocalyptique où le héro est un survivaliste, vivante promotion de l'individu néo-libéral.


 

Conclusion

 

Le cinéma, avant tout hollywoodien, de fin du monde assure une fonction d'alerte que l'on ne peut négliger ou mépriser, d'autant que son influence est mondialisée. Mais, d'une part il est le produit d'un système qui le rend acteur de la crise actuelle, et d'autre part sa double fonction première, divertir et rentabiliser, peut pervertir son caractère subversif.

 

Par contre le film connaît une fin aussi heureuse (le retour des homme sur la terre où la vie est possible à nouveau) que symbolique (la reprise de la vie est incarné par une simple et modeste plante). Cette fin s'explique bien sûr par le public-cible, les enfants, mais elle apporte un espoir qui tranche avec les dystopies glaçantes de fin du monde.


 

Conclusion

Wall-E relève de la fonction d'alerte des films de fin du monde, mais aussi et surtout de la fonction de dénonciation. Celle-ci n'utilise pas les gros sabots d'Al Gore et ne prétend à nulle injonction ou démonstration. Par contre la grande poésie qui baigne le film et sa fin heureuse jouent un rôle apaisant qui, auprès d'un public jeune, est plutôt une bonne chose : on peut alerter et dénoncer au sujet de la crise environnemental sans tomber dans le sensationnalisme et l'alarmisme !

Le message écologique du film est fort, particulièrement dans la dénonciation du consumérisme à tout crin. Mais ce qui est le plus intéressant c'est que ce film conserve son ambition de s'adresser à un public jeune tout en délivrant non seulement une alerte mais aussi une dénonciation. Cela a, semble-t-il, bien fonctionné car le film fut le 6° plus gros succès de 2008 en France avec 3,2 millions d'entrées et le 9° au niveau mondial.


 

2- Parler de la crise écologique aux enfants


 

Andrew Stanton, le réalisateur, et Pixar ont pris le pari de rompre avec certains codes du film pour enfant : par exemple le film est très peu bavard et son humour est assez éloigné de la « blague » propre aux autres films de ce genre. Ils proposent une réflexion quasi politique sur l’environnement :

  • la cause de la catastrophe est évidente car les amoncellements de détritus parlent d'eux-mêmes ;
  • l'action est placée au cœur d'un des plus gros pollueurs de la planète, les Etats-Unis, ici représentés par un Manhattan où les monceaux de déchets rivalisent avec les tours abandonnées de la Skyline ;

Ce parti pris politique n'aura pas échappé aux plus réactionnaires des critiques américains qui y verront une insupportable dénonciation de la politique républicaine en matière d'environnement. En effet en 2008 Georges Bush termine ses 8 années de mandats très contestées sur ce plan-là (les EU n'ont pas ratifié les accords de Kyoto par exemple) et 2 ans plus tôt l'ex-candidat à la présidence, Al Gore, avait sorti son documentaire, Une vérité qui dérange.

Le film contient aussi, en creux, une description acide de la société américaine au travers des survivants retranchés dans leur vaisseau, quasiment tous blancs, gras, oisifs et addicts aux écrans... mais, finalement plutôt sympathiques.

 

B) Dénoncer


 

Nous avons, dans la 1ère partie, évoqué la fonction d'alerte des films de fin du monde. A celle-ci de nombreux films ajoutent une fonction de dénonciation. Sont-ce pour autant des films militants ?


 

1- L’apocalypse-châtiment

 

Les films de fin du monde peuvent s'apparenter au châtiment biblique : l'homme puni par Dieu. Mais dans un monde sécularisé les auteurs substituent à la figure divine l'Hubris de l'homme qui, conscient de ce qu'il fait en détruisant son Eden, doit en subir les conséquences.

Durant la guerre froide c'est l'angoisse nucléaire qui a alimenté thrillers et films d'espionnage mais aussi le cinéma de Sf. Nous avons déjà évoqué plus haut quelques uns de ces films mais, même lorsque l'Apocalypse n'est pas le sujet du film, celui-ci est souvent truffés de scènes de destructions cataclysmiques :

  • Star Wars (Georges Lucas, 1979) : la destruction, par l'étoile noire, de la planète Alderaan ;
  • Superman (Richard Lester, 1978) : Lex Luthor (Gene Hackman) détourne des missiles nucléaires vers la faille de San Andréa pour produire un cataclysme ;
  • Star Trek, le film (Robert Wise, 1979) : l'entité V-Ger, qui menace la Terre de destruction s'avère être une création humaine ;


La dénonciation-avertissement de la tendance auto-destructrice de l'homme dépasse le nucléaire. On trouve une autre star de l'orgueil humain, l'Intelligence Artificielle, au travers des revisitations nombreuses du complexe de Frankenstein dont le plus célèbre reste le Terminator de James Cameron (1984).

Mais le véritable successeur de l'angoisse nucléaire serait plutôt la propagation de virus mortels. Ainsi La planète des singes qui reposait, dans le livre de Pierre Boulle et les 1ers films, sur l'idée de l'holocauste nucléaire, a été actualisée dans la nouvelle trilogie avec un effondrement par le virus (les recherches qui permirent à César et ses frères d'accéder à l'intelligence s'accompagne de la découverte fortuite d'un virus mortel pour l'homme). Dans L'Armée des douze singes de Terry Gilliam en 1996 c'est un virus qui détruit l'humanité... même si celle-ci ne propose pas grand chose pour qu'elle soit sauvée !

Le genre le plus célèbre sur ce thème est le film de zombies, souvent des paraboles subversives sur le monde des vivants mais aussi spectacle survivaliste. En ne conservant que les films pouvant relever de la Sf(5) on citera la série de film Résident Evil (6 films entre 2002 et 2016) dans laquelle l'apocalypse zombie raconte la fin du monde à travers les périples sans fin d'Alice (Mila Jovovich), d'abord en huis-clôt, laissant la fin de l'humanité dans le hors-champ (à l'imaginaire du spectateur de faire le boulot), puis sous forme de récits survivalistes. On mentionnera aussi les 3 adaptations du roman Je suis une légende de Richard Matheson (en 1964 par Ragona et Salkow ; en 1971 par Boris Sagal et en 2007 par Francis Lawrence). Le genre a été complètement renouvelé par Danny Boyle dans 28 jours plus tard (2002) qui a créé la figure de l'infecté en lieu et place du mort-vivant. Le petit groupe de survivants emmené par Jim (Celian Murphy) affrontent un groupe de soldats emmenés par le major West (Christopher Eccleston) qui incarne la fin de l'espèce humaine, non physiquement, mais au travers des valeurs morales qu'il défend : les infectés, inutiles, mourront, les homme et les femmes survivants enfanteront une nouvelle espèce plus forte. Ce film a inspiré World War Z de Marc Forster en 2013 qui propose une intéressante réflexion sur la survie des nations au travers le cas de la Corée du Nord (son dirigeant fait arracher les dents de tous les habitants !) ou d'Israël (l'illusion du mur de protection contre les infectés rejoint assurément l'illusion du mur de protection autour de la Cisjordanie).

2- Le cas des écofictions

 

Ce néologisme forgé par Christian Chelebourg (cf. bibliographie) regroupe les discours fictionnels à message écologique, dont celui du cinéma de Sf bien sûr. Ces œuvres, nées à la fin du XX° siècle se sont largement développées depuis une vingtaine d'années, en parallèle avec la montée des revendications écologiques. Elles sont l'écho de l'imaginaire d’une époque inquiète, voire terrifiée par un avenir environnemental sombre. Elles mettent en scène une humanité dans un rapport ambivalent avec la planète : à la fois destructrice voire auto-destructrice mais aussi salvatrice. Enfin elles fonctionnent sur l’heuristique de la peur (se référer à Hans Jonas, Le principe de responsabilité, 1979) : la catastrophe n'est pas probable ou possible, elle est inéluctable. Ainsi dans son tout dernier film, Minuit dans l'univers, sorti sur Netflix fin 2020, Georges Clooney incarne un scientifique en fin de vie sur une Terre elle aussi mourante. L'acteur-réalisateur a voulu faire un film 'à messages' (peut-être très/trop appuyés) dans lequel il condamne la Terre, mais pas l'humanité dont le salut sera dans les étoiles.

 

Bien souvent dans les récits post-apocalypse la Nature reprend ses droits : dans Je suis une légende (Francis Lawrence, 2007) la ville de New-York est envahie par la végétation et une scène assez poétique, montre un troupeau de biches traverser Park Avenue. Parfois la Nature est représentée comme une entité vivante (l'hypothèse Gaïa). Ainsi dans Avatar (2009) James Cameron, à l'exploitation des ressources fossiles apportée sur Pandora par la société RDA, oppose la conception écosystémique des Na'vis. On pourra y voir un un grand film écologique ou bien le nouvel horizon néolibéral du capitalisme vert... Dans Phénomènes (M. Night Shyamalan, 2008) la nature se défend contre l'homme prédateur en produisant une toxine qui pousse les êtres humains au suicide.

 

Ces films posent la question de l'écologie politique : doit-elle, au nom de l'intérêt supérieur de la Nature et des générations futures, être coercitive et liberticide ? Exemples :

  • dans L'armée des 12 singes (Terry Gilliam, 1996) un écoterroriste anéantit quasiment l'humanité ;
  • dans Matrix (Lana et Lily Wachowski, 1999) l'agent Smith fait de l'humain le cancer de la planète :

(« Tous les mammifères sur cette planète ont contribué au développement naturel d'un équilibre avec le reste de leur environnement, mais vous les humains vous êtes différents. Vous vous installez quelque part, et vous vous multipliez, vous vous multipliez, jusqu'à ce que toute vos ressources naturelles soit épuisées, et votre espoir de réussir à survivre, c'est de vous déplacer jusqu'à un autre endroit... Il y a d'autres organismes sur cette planète qui ont adopté cette méthode, vous savez lesquels ?... Les virus. Les humains sont une maladie contagieuse, le cancer de cette planète, vous êtes la peste et nous, nous sommes l'antidote. »)

  • On l'oublie parfois mais dans Interstellar (Christopher Nolan, 2014) les Etats-Unis, rongés par la sécheresse sont devenus un état qui nie la conquête spatiale, a banni la NASA et pousse sa population vers l'agriculture (comme on le voit dans la scène de l'école où les éducateurs orientent autoritairement Tom Cooper – Timothée Chalamet – vers le métier de cultivateur) ;

Déluge (Felix feist, 1933)

Le jour d'après : campagne de promotion pour le Royaume-Uni et pour la France.

Skyline et détritus - les humains dans le vaisseau-arche

C- Exorciser : la fonction cathartique


 

Rappelons que l'Apocalypse est, au sens de la tradition judéo-chrétienne, une « Révélation » (elle même associée à un concept eschatologique de monde nouveau et de Salut), dont le sens s'est peu à peu transformé en une catastrophe et une punition. Les apocalypses sacrées avaient une fonction cathartique forte, avec parfois même la notion de sacrifice expiatoire. Il s'agissait d'exorciser le mal inhérent à l'homme en en rejetant la responsabilité sur un élément extérieur, par exemple le Diable dans la tradition judéo-chrétienne.


 

1- Exorciser les peurs


 

La Sf n'intègre plus cette dimension eschatologique, ne gardant que la destruction, par les humains, de leur habitat et de leurs conditions d’existence. Mais les croyances imprègnent nos représentations. La Sf est encore marquée par cette conception religieuse de la Chute et par sa fonction cathartique qui connut son apogée, au cinéma, avec les films-catastrophes des années 90 / début 2000. Une bonne partie de ces derniers relève également de la filmographie apocalyptique.

Deux films sont allés assez loin dans la fonction cathartique du film de fin du monde :

  • dans 2012 (2009) Roland Emmerich s'inspire directement de la prophétie Maya, mais c'est bien le Déluge et l'Arche de Noé qu'il adapte. La science est évacuée allègrement par le réalisateur qui déclare, dans une interview donnée au Figaro : «  Dans mon film, le discours scientifique n'est présent que pour rendre plausible l'action. Prenez les neutrinos et leur mutation déclenchée par des orages solaires. Le temps d'une explication donnée par un scientifique, les spectateurs doivent y croire. C'est l'essentiel. » Merci pour cette leçon à propos de la fameuse suspension consentie d'incrédulité !
  • Dans Armaggedon (1998) Michael Bay file la métaphore religieuse assez typique aux Etats-Unis : si Dieu n'est pas directement présent dans l'histoire, il est là malgré tout au travers des astéroïdes destructeurs/purificateurs et des notions mises en avant, que sont la soumission, la culpabilité et surtout le sacrifice (celui de Bruce Willis) ;

 

Parfois la notion de salut s'accompagne de la question de savoir qui sera sauvé car il est «  juste, intègre parmi ses contemporains et il marchait avec Dieu » (Genèse 6-9). Nous verrons plus loin que la loi du plus fort y pourvoit généralement. Mais des films se sont penchés sur la question, chacun reflétant son époque : dans Le choc des mondes de Rudolph Maté (1951) ce sont 40 hommes et femmes... tirés au sort certes mais tous blancs ; dans Deep Impact (Mimi Leder, 1998) et 2012 (Roland Emmerich, 2009) c'est un mélange de sélection des « meilleurs » (individus indispensables à la survie de l'humanité par leur savoir) et de hasard (tirage au sort)... sachant que la fortune peut jouer un rôle !


 

On ne peut terminer cette partie sans évoquer un pays où les films de fin du monde ont une fonction cathartique forte, à savoir le Japon. Archipel instable (séismes, tsunamis, éruptions volcaniques) traumatisé par le nucléaire (Hiroshima, Nagasaki, Fukushima) ce pays à produit une abondante filmographie d'Apocalypse dont le meilleur représentant est Godzilla (le 1er film date de 1954 ; il est signé Ishiro Honda). Un grand nombre de films d'animation relève du post-apocalypse, comme la série Ken le survivant (Ken 1 l'ère de Raoh en 2007 par Takahiro Imamura et Toshiki Hirano). En 2006 avec le film La submersion du Japon (Shinji Higushi) c'est l'archipel entier qui est rayé de la carte du monde.

Le voisin coréen du Japon manifeste une propension équivalente pour l'Apocalypse, mais par les tsunamis comme le montre le succés (en Corée du moins) de The last Day de Yoon Je-kyoon (2009).

2- C'est pas moi, c'est l'Autre

 

Le genre qui l'illustre, peut-être, le mieux la fin (possible) du monde comme une fatalité extérieure à l'homme, qui devient ainsi victime, est celui des films d'invasions extraterrestres : Skyline (Greg et Colin Strause, 2010), Oblivion (Joseph Kosinski, 2013), La 5e vague (Jonathan Blakeson, 2016), etc. Ce genre est pratique car il externalise la destruction et dédouane l'homme de toute responsabilité tout en le plaçant, certes, en situation de victime, mais une victime qui lutte et, le plus souvent, gagne. Les 3 films emblématiques du genre sont les 2 adaptation de La guerre des mondes de HG Wells (par Byron Haskin en 1953 puis Steven Spielberg en 2005) et Independance Day (1996) dans lequel Roland Emmerich imagine une invasion extraterrestre qui s'attaque aux Etats-Unis et au monde entier (même si ledit monde se réduit à une collection de clichés touristiques).

La plupart de ces films n'expliquent pas le pourquoi de l'invasion (à quelques exceptions comme Oblivion dans lequel les Aliens convoitent l'eau) laissant l'homme face à une destruction inexpliquée. Mais nous le savons (se reporter à l'article sur l'Autre) les invasions extraterrestres parlent surtout de l'homme, la plupart du temps pour révéler les troubles et dysfonctionnement de son époque : par exemple HG Wells parlait de l'impérialisme britannique, Byron Haskin de Guerre Froide et de paranoïa anticommuniste et Spielberg de l'Amérique post-11 septembre.


 

Conclusion


Finalement les films de fin du monde reprennent les schémas de l'Apocalypse religieuse tout en les sécularisant. Ce chatiment ne dénonce plus la perte ou les errements de la foi mais les agissements de l'humanité relativement à son habitat : à l'holocauste nucléaire a succédé la catastrophe environnementale, technologique ou bactériologique. Mais cette dénonciation s'accompagne, consciemment ou non, d'une mise à distance. Ces d'une fin du monde dénoncée ou exorcisée, posent la question de l'après : quel monde d'après la catastrophe le cinéma de Sf montre-t-il... si tant est qu'il y ait un après ?!?!

(8) A ma connaissance le cinéma de Sf, fin du monde ou pas, n'a paas produit d'oeuvres aussi fortes que Margin Call (JC Chandor, 2015), The big short (Adam McKay, 2015) ou Money Monster (Jodie Foster, 2016).

 

(9) Ces 2 modèles relevent de 2 conceptions politiques de l'effondrement comme le montre l’enquête menée par l'Ifop pour la fondation jean Jaurès dans l'article La France, patrie de la collapsologie ?.

(10) Deux exemples : Neal Stephenson, écrivain de SF a lancé le Project Hieroglyph ou encore L'anthologie de SF optimiste coordonné par Jetse de Vries (Shine: An Anthology of Optimistic SF).

La Sf et son cinéma se sont emparés très tôt du thème de la fin du monde(1) qui existait au travers de la croyance (la prophétie de Daniel dans l'Ancien testament ; L'Apocalypse de Jean ; Le Déluge ; Sodome et Gomorrhe ; Les peurs millénaristes de l'an 1000 et de l'an 2000 ; Les prédictions Mayas pour le 31 décembre 2012 ; etc.) et de la science (certains scientifiques soutiennent l'idée que nous serions, après être entré dans l'Anthropocène, face à une possible sixième extinction). Mais, à la peur du châtiment divin, s'est substituée la peur de l'homme lui-même, perçu comme un nouveau barbare, surtout après la seconde guerre mondiale. La Sf est alors devenue littérature de l'angoisse (se référer à Hans Jonas, Le principe de responsabilité, 1979) et la Sf catastrophiste un élément de la contre-culture qui se répand dans les pays occidentaux. Le spectacle de la fin du monde (actuellement on parle plutôt de « l'effondrement ») fascine selon le vieux principe de la jouissance que l'on éprouve devant des catastrophes fictionnelles dont le spectateur se sait immunisé.

Nous aborderons ce thème sous l'angle des fonctions, parfois contradictoires, discernables dans les film de Sf de fin du monde :

  • sont-ils là pour nous alerter ou bien nous endormir ?
  • sont-ils là pour dénoncer ou exorciser ?
  • sont-ils là pour anéantir ou recréer ?

 

1- Le film

 

Le jour d'après (The day after tomorrow) est un blockbuster de Roland Emmerich aux ambitions écologistes. Le pitch est simple : le dérèglement climatique subit une brutale accélération qui, en quelques semaines, ravage l'hémisphère nord (ouragans, averses de grêle, tornades, inondations et, surtout, baisse spectaculaire de la température entraînant une nouvelle ère glaciaire). Le climatologue Jack Hall (Dennis Quaid) se démène à la fois pour sauver le monde et son fils, bloqué dans un New-York totalement englacé.

Sorti en 2004 ce film sera le 4° plus gros succès de l'année avec 544 millions de $ de recettes (2,6 millions de spectateurs en France). Il confirme Roland Emmerich dans son statut de réalisateurs de blockbusters à succès après Independence Day en 1996 et avant 2012 en 2009 ou encore Midway en 2019 et, peut-être, Moonfall en 2021.

Roland Emmerich s'appuie, en partie, sur le livre Le Grand Dérèglement du Climat, (Art Bell et Whitley Strieber) publié en 1999 qui annonce une nouvelle ère glaciaire et fonctionne sur le mode de la culpabilisation et la dénonciation de l'inaction des gouvernements des pays industriels. Le réalisateur a voulu faire de son film le pendant fictionnel du film documentaire d'Al Gore, Une vérité qui dérange, sorti la même année. En effet, après son échec aux élections présidentielles américaines de 2000, Al Gore prend ses distances d'avec la politique de Georges Bush, en particulier sur l'environnement dont il devient un ardent défenseur. Emmerich, qui le soutient, l'introduit indirectement dans son film sous les traits du président Blake (Perry King)... bien que ce personnage soit bien falot !

On peut enfin noter une filiation entre l'Apocalypse environnementale filmée par Roland Emmerich et l'apocalypse nucléaire, phare de la fin du monde des années 50-80, puisque le titre du film de 2004 reprend, à un  mot près, le titre du film de Nicholas Meyer datant de 1983, The Day After (la traduction française est identique d'ailleurs, Le jour d'après).

World War Z : un mur inutile... de la fiction ?

Dans Take Shelter (2011) le réalisateur Jeff Nicholls pose la question du lanceur d'alerte : à trop en faire, à force de crier au loup n'est-ce pas contre-productif ? Le héro, Curtis LaForche (Michael Shannon), annonce l'imminente arrivée d'un tempête apocalyptique mais son anxiété, son angoisse et les comportements paranoïaques qui en résultent font qu'il n'est pas entendu... alors qu'il a raison. C'est le syndrome de Cassandre revisité.


Au final ces films écofictionnels, dans leur complaisance alarmiste, peuvent présenter 2 biais :

  • en pointant autant la propension destructrice de l'homme que sa capacité de résilience et son pouvoir salvateur ne sont-elles pas plutôt des plaidoyers pour que la toute-puissance de l'homme puisse se perpétuer ? Au final donc des œuvres très anthropocentrées ;
  • par leur abondance et, parfois, leur lourdeur dénonciatrice et moralisatrice, ne contribuent-ils pas à anesthésier la réflexion voire susciter le rejet ?


 

Conclusion

 

Quelque soit leur forme et leur contenu les films de Sf apocalyptiques et les écofictions favorisent la construction d'un discours critique et dénonciatoire, que ce soit en plein ou en creux. En effet si le film énonce une/des critique(s) alors le spectateur pourra la/les reprendre à son compte. Mais si film paraît privé de discours politique (c'est souvent le cas du film type blockbuster hollywoodien) cela amène le spectateur engagé à critiquer ce vide en le déconstruisant. Lorsque cette analyse est partagée (sur les réseaux sociaux par exemple) cela alimente un autre discours de dénonciation. C'est le cas, par exemple, du site lecinemaestpolitique dont les analyses, très engagées, ne suscitent par forcément l'adhésion mais, à minima, la réflexion.

Interstellar, la scène de l'école (en anglais)

III- Détruire ou récréer ?


 

Introduction

Finalement on peut se poser la question de la finalité de la fin du monde ? Rappelons qu'étymologiquement le terme d'Apocalypse signifie révélation ou ce qui est dévoilé et qu'il ne contient donc pas réellement la notion de fin (du monde, des temps, etc.). La Sf s'est emparée du concept mais répugne à l'emploi du terme : par exemple, dans la Grande Anthologie de la science-fiction (12 volumes entre 1966 et 1975 et 42 volumes en tout) Jacques Goimard, Demèdre Iokamidis et Gérard Klein ont retenu des Histoires de fin du monde (1974), Histoires de fins des temps (1983) et Histoires de catastrophes (1985). A la lecture des nouvelles composant ces volumes on se rend compte qu'il s'agit avant tout d'histoires de fin de l'humanité ou de fin d'un monde, avec re-création d'une autre monde ou d'une autre forme humanité.


 

A) Etude de cas : Mad Max


 

En 1979 Georges Miller crée le personnage de Max Rockatansky (Mad Max, incarné 3 fois par Mel Gibson et par Tom Hardy dans le dernier volet), icône survivaliste depuis près d'un demi siècle. Max vit les prémices de la fin d'un monde dans le 1er film puis survit dans les 3 films qui ont suivi, Mad Max 2 : Le Défi en 1981, Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre en 1985 et enfin Mad Max: Fury Road en 2015. Mad Max ou l'impossible récréation d'un monde d'après ?


 

1- Mad Max, les codes de la survie post-apo


 

Bien qu'ayant eu une diffusion relativement restreinte le 1er film fut un sucés au box-office et garda durant 20 ans le titre de film le plus rentable de l'histoire du cinéma. Les suivants firent de bons scores ainsi que le dernier volet, sorti 30 ans plus tard. Les 4 films ne sont pas identiques, loin s'en faut : le 1er s'ancre dans un monde finissant ; les volets 2 et 3 construisent le mythe survivaliste de Max (dans le 3° l'anéantissement nucléaire est évoqué dans le prologue) ; le 4°, sorti 30 ans plus tard, renouvelle l'approche de ce qui est devenu un mythe avec une profondeur et une complexité plus grande et plus intéressante.

En synthétisant on peut caractériser ce qui fait de Max une sorte de modèle pour la forme la plus réactionnaire du mouvement survivaliste, théorisée par Kurt Saxon dans les années 70) :

  • Le survivant est un individu constamment méfiant du groupe. Max perd tout lien social dans le 1er volet en perdant son meilleur ami et sa famille. Par la suite sa vie est solitaire et ses interactions sociales limitées. A chaque fois c'est contraint et forcé qu'il se met au service du groupe même si à la fin du 3° volet il se sacrifie pour le groupe et dans Fury Road il aide Furiosa (Charlize Theron) dans sa quête rédemptrice ;

 

  • Les espaces sauvages et vides comme décor. L'outback Australien sert de décor principal des 3 premiers volets. La ville n’apparaît quasiment jamais (même dans le 1er film elle n'est que suggérée). Même si le fameux fond vert est devenu omniprésent Georges Miller a tourné Fury Road en grande partie en décor naturel (le désert de Namibie) ;

 

  • Les valeurs sont un condensé néo-libéral. Max est individualiste ; il use de la violence, contraint par la barbarie environnante ; il s'affranchit dès le 1er opus de l'état de droit ; il admet la loi du plus fort (par exemple son combat ritualisé contre Bombe dans le 3° volet). A ce titre il est un représentant du survivalisme radical ;

 

  • Les références au Western... mais pas que. Sur fond d'esthétique punk, avec un soupçon de Péplum, c'est le western, dont Georges Miller était fan, qui sert de cadre révérenciel majeur : les grands espaces ; la liberté sans limites ; le héro taiseux (à la Clint Eastwood) ; etc.

 

Max, devenu le Road Warrior dans le 2nd volet

Le désert de Namibie

(mis à mal par le tournage semble-t-il)

L'Outback Australien.

L'Internaute Dimioff a réalisé une bande-annonce de Fury Road "à la façon des Westerns Spaghettis.

Même si le survivalisme s'est, en partie, affranchi des thèses réactionnaires de son origine américaine, l'image de Mad Max colle encore à cette mouvance comme le montre cet en-tête de Charlie de 2018 :

 

2- L'impossible recréation d'un monde ?


 

Dans les 3 films qui suivent l'original il est question du survie dans un monde post-apocalypse avec un manichéisme clair : les « gentils » incarnent les tentatives de re-création d'un monde ou plutôt d'une civilisation alors que les « méchants » incarnent la destruction nihiliste. Prenons les 2nd et 3° volets, Mad Max II, le défi (1981) et Mad Max, au delà du dôme du tonnerre (1985) :

  • Les « méchants », emmenés par le seigneur Humungus (Kjell Nilsson) ou par Entité (Tina Turner) sont conduits par la loi du plus fort. La façon dont ils sont représentés renvoie à la sauvagerie des indiens dans les westerns ou des barbares dans les péplums Certaines analyses, comme celle de Emmet Winn, vont plus loin en faisant du 2nd volet un écho au Reaganisme : ils seraient des représentations dégénérées de la contre-culture des années 70-80 avec des relents homophobes, particulièrement au travers du personnage de Wez (Vernon Wells) ;
  • Les « gentils » incarnent l'espoir d'une humanité en reconstruction... mais force est de constater que leur représentation dans Le défi (toges et barbes bibliques) est faiblarde, des sortes de babas cools bien falots. Dans Au delà du dôme du tonnerre, les survivants menés par Savannah (Helen Buday) sont l'archétype du renouveau post-apocalypse : des enfants revenus à l'état sauvage nourris d'un espoir mythique de salut (le fameux « capitaine Walker ») ;

 

Mad Max, galerie de 'Vilains' : le seigneur Humungus - Wez et son 'mignon' - Entity et ses guerriers.

Max fait le lien entre ces 2 mondes et assume peu à peu un statut de sauveur messianique totalement confirmé dans le 3° volet... mais mis à mal dans Fury Road. Justement, dans ce 4° volet, un pas est franchi dans la représentation d'un nouveau monde d'après. En effet la fin du film(6) semble ouvrir une porte nouvelle vers une re-naissance : après sa rédemption personnelle Furiosa (Charlize Theron) apporte une rédemption globale en ouvrant les vannes de l'eau pour signifier que les choses changent. Le salut par les femmes ?


 

Conclusion

 

Il est paradoxal de noter que dans Mad Max, la cause de la fin de la civilisation est la pénurie de pétrole (rappelons que le 1er choc pétrolier date de 1973 et le 2nd de 1979) or le succès des 4 films doit beaucoup aux voitures archi-customisées de Max et ses ennemis, peut-être les véritables héroïnes de la saga ? Paradoxe ? Oui et non, car on peut aussi bien voir dans la série une métaphore sur la fin de la société de l'abondance qu'un récit sur l'individualisme néo-libéral triomphant de tout. On peut interpréter le retour de Max dans un Fury Road féministe et écologique comme une façon, pour Georges, de régler certains comptes avec le Miller des années 80 ?

Mad Max : les défenseurs de la raffinerie dans Le défi et les enfants d'au-delà du dôme du tonnerre.

B) Détruire


 

Après la fin du monde, lorsque le carcan des normes sociales a disparu, force est de constater que ce retour à l'état de nature n'est pas joli-joli avec une surreprésentation de la lutte pour la survie dans un contexte de loi du plus fort dans lequel les hommes révèlent leur vraie nature. Alors, le film de fin du monde, un genre nihiliste ?


 

1- L'individu face à la fin du monde

 

En 2009, John Hillcoat propose sa version du livre de Cormac McCarthy, La route. Après un cataclysme, un homme et son fils, pour survivre, marchent vers le sud des Etats-Unis, dans un environnement hostile peuplé de survivants au mieux désespérés, au pire violents et anthropophages. A la brutalité du contexte où survivalisme et cannibalisme se rejoignent le film oppose l'obsession du père (Viggo Mortensen) pour une survie dans la dignité (avec un recours à la violence par nécessité), d'autant que la fin du film (et du livre) laisse planer un espoir dans l'humanité future. Souvent donc ces films post-apocalypse mettent en scène la survie d'individus (parfois un seul survivant qui, généralement, fini par en rencontrer d'autres) et s'intéressent dès lors à la solitude et ses effets au travers de personnages comme Zac Hobson (Bruno Lawrence) dans Le dernier survivant (Geoff Murphy, 1985), Robert Neville (dans les 3 adaptations de Je suis une légende de Richard Matheson ; cf plus haut) ou encore Ralph (Harry Belafonte) qui, dans Le monde, la chaire et le Diable (Ranald MacDougall, 1959) déambule dans un New-York intact mais totalement dépeuplé.

Mais il est des films dans lesquels cette réflexion sur l'individu confronté à la fin du monde est prétexte à une introspection intimiste. Dans Melancholia Lars Von Trier oppose la paix intérieure de Justine (Kirsten Dunst) à l'angoisse lente et diffuse de Claire (Charlotte Gainsbourg). Dans 4h44 dernier jour sur Terre (2012) Abel Ferrara filme un couple serein et apaisé face à la fin du monde.

 

 

2- Le retour à l'état de Nature

 

Qu'il soient consacrés à l'holocauste nucléaire ou à la crise écologique de l'Anthropocène, nombre de films de fin du monde annoncent avec un pessimisme radical la fin de l'humanité et un retour à l'état de nature cher à Hobbes (Le Léviathan, 1651). Cette eschatologie prend, dans les films de Sf, outre le survivalisme déjà évoqué, 2 grandes formes :

  • La barbarie succède à l'état de droit. Les structures du « vivre ensemble » se sont effondrées avec, en 1er lieu l'état démocratique et les lois qui l'accompagnent. La loi du plus fort règne ; elle est souvent codifiée dans une structure politique totalitaire : le Transperceneige de Bong Joon-Ho (2013) le métaphorise au travers d'un train ; dans la série des Hunger Games le Capitole et son dirigeant Snow (Donald Sutherland) imposent une dictature inhumaine ; etc.
  • L'humanité perd sa place dominante. Dans trilogie récente de La planète des singes la relecture de Pierre Boulle est radicale. Cela commence par une histoire d'accident scientifique et de virus (La planète des singes : les origines de Rupert Wyatt en 2001) pour basculer vers un récit de fin de l'humanité dans La planète des singes : l'affrontement (Matt Reeves, 2014) et surtout La planète des singes : suprématie (Matt Reeves, 2017) dans lequel la fin des hommes se produit sans le moindre pathos ; elle apparaît même comme un soulagement tant César (Andy Serkis) et ses compagnons semblent être les dignes successeurs d'une humanité dégénérée et violente disparaissant presque sans bruit dans une avalanche quasi salvatrice.

C) Recréer

 

 

On l'a vu, le cinéma de Sf excelle dans la représentation brutale de la fin du / d'un monde et dans la vision pessimiste du monde post-apocalypse. Mais cette accumulation de dystopies, mise en parallèle avec la montée en puissance des discours des collapsologues en tout genre, peut agacer(7) par la banalisation de la fin du monde vecteur possible d'apathie.

3- Et la science dans tout cela ?

 

Arrivée presqu'en fin de cet article, il est temps de s'intéresser à ce que la science dit de la fin du monde ou du moins des possibilités d'anéantissement de la terre et de l'humanité. Nous avons déjà vu qu'une théorie scientifique nous place au cœur d'une 6° extinction massive (après 5 autres bien sûr, dont la plus célèbre, l'extinction des dinosaures il y a environ 65 millions d'années). La science s'est penchée sur la/les fin(s) du monde possibles en retenant des hypothèses dont la probabilité de survenue, se mesurant à l'échelle cosmique, serait infinitésimale à l'échelle humaine :

  • la collision avec un « géocroiseur » : c'est probablement l'impact dévatateur d'un objet céleste dans le Yucatan mexicain qui a contribué à faire disparaître les dinosaures il y a 65 millions d'années ;
  • l'éruption d'un super-volcan : elle s'est produite dans le Deccan Indien et a également participé à l'extinction des dinosaures ;
  • l'explosion d'une étoile géante : c'est une probalité quasiment nulle ;
  • le soleil entrant en surchauffe : c'est inéluctable mais l'échéance, pour impacter la vie, est de l'ordre de la centaine de millions d'années ;

Comme nous l'avons déjà dit plus haut, entre la Nature et le cinéma tout est une question d'échelle de temps !

C) Recréer

 

 

On l'a vu, le cinéma de Sf excelle dans la représentation brutale de la fin du / d'un monde et dans la vision pessimiste du monde post-apocalypse. Mais cette accumulation de dystopies, mise en parallèle avec la montée en puissance des discours des collapsologues en tout genre, peut agacer(7) par la banalisation de la fin du monde vecteur possible d'apathie.

1- Le cinéma de Sf « de fin du monde » est-il en panne d'idées ?

 

Les films de fin du monde ne détruisent pas que des habitats et/ou monuments et ne font pas que tuer massivement, ils détruisent l'ordre social, institutionnel et politique, en affirmant de cette manière leur échec. En ce sens ils annonce la fin d'un monde. Un mode fréquent de représentation de cette faillite des systèmes sont les vestiges ou les traces : ruines, villes fantômes, etc. Dans Waterworld (1995) Kevin Reynolds évoque la montée des eaux, curiosité encore improbable il y a 25 ans, devenue aujourd'hui une conséquence reconnue du réchauffement climatique. Il reprend les thémes et l'esthétique de Mad Max II et offre, dans une scène de plongée (vers Dryland) une vision immergée des vestiges du monde urbain nord-américain du XX° siècle).

 

Nous l'avons vu dans les parties précédentes, l'imaginaire post-apocalyptique est souvent anti-système et anti-politique. Ce caractère subversif s'est épanoui dans la critique du système capitaliste perçu comme la source première de la crise écologique (à l'Anthropocène certains préfèrent le notion de Capitalocène.

Si le cinéma de Sf dénonce souvent les tares du capitalisme, il le fait, le plus souvent, au travers d'individus, sans véritablement oser une critique systémique(8). Comme l'a résumé Slavoj Žižek "Regardez la science-fiction : visiblement, il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme".

 

Les écrivains de Sf se sont emparés de la fin du monde comme un nouveau départ en en faisant une sorte de laboratoire d'idées... mais le cinéma de Sf semble en panne sèche ! Il excelle dans des récits où, dans une situation terriblement sombre, par le biais des actes d'un ou de quelques héros, le dénouement est empli d'espoir... mais il peine à décrire véritablement des systèmes alternatifs positifs... ou quand il le fait c'est le plus souvent à partir d'un passé nostalgisé.

The Postman (film de Kevin Costner, 1997, d'après le roman éponyme de David Brin sorti en 1985) par exemple oppose le groupe du général Bethlehem (Will Patton) partisan d'une nouvelle société à celui emmené par le Facteur (Kevin Costner) qui veut restaurer la société civile américaine pré-apocalypse. Le traitement réservé au général Bethlehem qui en fait un anti-héro fasciste, discrédite toute construction socio-politique alternative et apporte, en quelque sorte, une dimension réactionnaire au film. En effet le film utilise le genre western pour valoriser les valeurs fondatrices des États-Unis : l'initiative individuelle, le droit à l'insurrection, la liberté, la communauté... le tout imprégné de religiosité. Mais il stigmatise également les errements de la société américaine qui auraient ainsi fabriqué les conditions de son effondrement : consumérisme, apathie télévisuelle, renoncement à tirer les leçons de l'histoire, etc. Le Postman triomphe du général Bethlehem moins par l'usage de la violence que par la réactivation des grands mythes américains comme une sorte de re-naissance.

 

En fait le cinéma de Sf, quand il aborde la fin du monde, s'est plus intéressé aux rapports humains (les interactions entre individus) qu'aux rapports sociaux (les interractions au sein d'un projet de société). Ce sera donc le solitaire contre le groupe ; l'altruiste contre l'égoïste ; le pacifiste contre l'agressif ; le nostalgique de l'ancienne civilisation contre le partisan de la nouvelle anarchie ; etc.

Les films de société post-apo opposent quasiment toujours un modèle survivaliste individualiste et un modèle collaboratif. Mais force est de constater que, dans la mise en image, le 1er modèle semble écraser le 2nd !(9)

2- Pour un post-apo radieux ?

 

Des films de SF optimistes... il en existe beaucoup, particulièrement sur le contact avec les extra-terrestres (Premier Contact, E.T. l'extraterrestre, etc.)... mais très peu sur le futur post-apocalyptique. On peut certes trouver, au cœur des récits post-apocalypses les plus sombres de l'optimisme car les survivants parviennent, le plus souvent, et après bien des péripéties, à s'en sortir : par la foi dans Le livre d'Eli ; par la science dans Interstellar ; par la solidarité dans Mad Max Fury Road ; etc. En gros « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Mais le discours dominant est anxiogène.

Récemment une forme de réhabilitation de l'utopie et de l'optimisme est apparue, essentiellement dans la littérature de Sf(10) : on parle même du solarpunk depuis les années 2000, voire de hopepunk. Par contre le cinéma de SF, quand il parle de la fin du monde, ne s'est pas encore, à ma connaissance, emparé de ce genre, bien que des films de Sf de type hopepunk existe, pensons à Ready Player One de Steven Spielberg (2018), A la poursuite de demain de Brad Bird (2015) ou même Pacific Rim de Guillermo Del Toro (2013).

 

Conclusion générale

 

Alors bien sûr, contexte oblige, la meilleure fin du monde ou plutôt, fin d'un monde, n'est-elle pas en train de se produire ? Le coronavirus a démontré sa capacité à désorganiser et fragiliser nos sociétés. Les complotistes et autres collapsologues se sentent pousser des ailes ; le survivalisme "dur" a montré, lors du drame de St-Just, un terrifiant visage ; la démocratie s'effrite sous les coups de butoir des Q-Anon partant à l'assaut du Capitole ; etc.

Mais, au risque de paraître angélique, ma conclusion sera optimiste. En effet, nous avons évoqué dans cet article nombre de situation dans lequel le spectateur apparaissait comme une proie facile pour un cinéma de l'endormissement (1ère partie), de l'exorcisme (2nde partie) ou du nihilisme (3ème partie)... mais le public est-il aussi dupe que cela ? N'a-t-il pas la capacité à analyser ces films de fin(s) du/d'un monde sereinement et intelligemment, au même titre qu'il sera capable de repousser les plus noires théories de l'Apocalypse ?