la sf dit le present

 

La science-fiction dit le présent : tel est le sens du nom de domaine de ce site. En effet, si le passé, grâce à l'Histoire permet de comprendre le présent, le futur le permet également. Écartons de suite la pseudo fonction prédictive de la SF (convention d'écriture que nous emploierons constamment) pour nous concentrer sur 2 idées : l'oeuvre de SF reflète le contexte et les questionnements de l'époque de sa production ; l'oeuvre de SF peut être utilisé à des fins prospectives en proposant une foultitude de scénarii pour un futur ancré dans le présent. Or le cinéma est lui aussi un miroir de son époque... De ce fait le film de SF est un outil très intéressant pour comprendre son époque.

3 termes caractérisent assez bien les types de futur que construit le film de SF : la vision optimiste d'un futur lumineux par l'utopie ; la vision pessimiste d'un futur sombre par la dystopie ; la vision divergente d'un futur alternatif par l'uchronie. Les films de SF procèdent de ces différentes approches, avec une propension nette pour la dystopie, nous le verrons.


 

I- Une brève histoire de la SF


1) De HG Wells à nos jour, la SF littéraire

 

La définition de ce qu'est (ou n'est pas) la science-fiction est difficile et variable. On retiendra pour notre part qu'il s'agit d'un genre narratif multiforme (littéraire, cinématographique, etc.) fictionnel dans lequel la science et la technique jouent un rôle majeur.

 

Les 1ers pas

Si des précurseurs peuvent être identifiés dès l'Antiquité, il faudra attendre le XIX° siècle pour que le genre naissent réellement avec le Frankenstein de Mary Shelley (1818) et surtout les œuvres de H.G Wells (La machine à explorer le temps en 1895 et La guerre des Mondes en 1898) et Jules Verne (De la Terre à la Lune en 1865 ou Vingt Mille lieues sous les mers en 1870). D'ailleurs ce 1er âge de la SF trouve son berceau dans 2 pays en pleine mutation économique, sociale et technologique, la France et l'Angleterre. Dans cette période domine une croyance positiviste dans le progrès scientifique... bien que les interrogations sur le rapport entre humanité et technologie soient bien présentes (pour l'anecdote les merveilleuses machines de Jules Verne finissent toutes à la casse !).

 

L'âge d'or

L'âge d'or sera américain à partir des années 20 avec les pulps comme Weird Tales (1923), Amazing Stories (1926), Wonder Stories (1929) ou Astounding Stories (1930). Ce sera d'ailleurs à Hugo Gernsback, principal artisan de l'essor du genre, que nous devons la popularisation du terme de science-fiction. Les grands auteurs de SF américaine comme Robert Heinlein, Isaac Asimov, A.E. Van Vogt, Clifford D. Simak et bien d'autres y font leurs premiers pas. Naissent les super-héros (Superman, 1932) et le Space Opéra. La 2nde révolution industrielle (électricité, atome, automobile, travail à la chaîne, consumérisme, inégalités sociales, etc.) sert de toile de fond.

Après la 2nde guerre mondiale la SF s’internationalise et renouvelle ses thématiques. Le progrès scientifique et technologique s'accélère : 1ers ordinateurs (l'ENIAC date de 1946), ère de l'atome (Hiroshima et Nagasaki en août 1945), exploration et conquête spatiale (Spoutnik 1957), etc. La SF s'en empare parfois avec optimisme (Asimov et Le cycle des Robots), mais le plus souvent avec inquiétude (Pierre Boule et sa Planète des singes).

 

Depuis les années 60

A partir des années 60 - 70 c'est l'émergence d'une SF (dont le courant New-Wave) préoccupée d'écologie et très contestataire de son époque. Cette SF critique et sombre connaîtra son apogée avec le courant cyberpunk (1984, Neuromancien, William Gibson).

Aujourd'hui la SF s'interroge et s'inquiète : le dérèglement climatique, l'humanité face à la machine, la génomique, la géo-ingénierie, le post-humanisme, les pandémies, etc. Elle s'est mondialisée(1). Elle est enfin devenu multiforme : bande-dessinées, séries télé, jeux vidéo...

 

Au final, à travers toute son histoire la SF a constamment évoqué un futur entre utopie et dystopie, entre triomphe de l'humanité et extinction de masse, entre homme augmenté et homme dominé. Des thèmes on ne peut plus cinégéniques !

 


2) De Mélies à JJ Abrahms le cinéma de SF


Naissance (années 1900 - 1930)

Le cinéma naît en 1895 (La sortie des usines Lumières) et immédiatement sortent les 1ers films de ce que l'on pourrait qualifier de SF : La Fée aux choux (1897, Alice Gui) et Le Voyage dans la Lune (1902, Georges Mélies) sont les 1ers courts-métrages et Aelita (1924, Yakov Protazanov) le 1er long métrage. Bien sûr l'oeuvre marquante des années 20 est Métropolis de Fritz Lang (1927).

(1)  Lire à ce propos l'article de Csicsery-Ronay, Jr Istvan, What Do We Mean When We Say “Global Science Fiction”? Reflections on a New Nexus, in Science Fiction Studies, vol. 39, n°118, Novembre 2012, p. 478-494. traduit ici : https://journals.openedition.org/resf/411

 

(2MAGUIRE, Lori. Guerre froide et course aux armements : la science-fiction s'insurge. Conférence du 3 octobre 2014.

 

(3)  En savoir plus : Wei Yang, Voyage au cœur d’un futur inconnu : analyse du genre dans le cinéma de science-fiction chinois du nouveau millénaire, ReS Futurae, 9 | 2017.  http://journals.openedition.org/resf/973 ; DOI : 10.4000/resf.973

 

(4) Lire sur ce sujet Où est passée ma combinaison spatiale ? de Daniel Wilson, chez Dunod, sorti en 2008.

 

(5) Lire Gilles Menegaldo, « L’Inscription de l’Histoire et la vision du futur dans The Time Machine de H. G. Wells et son adaptation filmique par George Pal. In Cycnos, Volume 22 n°1, mis en ligne le 13 octobre 2006 : http://revel.unice.fr/cycnos/index.html?id=531

 

Bibliographie - Webographie
 

Liste des ouvrages, articles et sites exploités pour cet article...

 

A propos de la science-fiction

BARREAU, Blandine ; DUCOS Géraldine ; TEILLANT Aude. La science-fiction, du miroir de nos sociétés à la réflexion prospective. Centre d'Analyse Stratégique, note d'analyse 311, décembre 2012. Lire.


BLANQUET Estelle, PICHOLLE Eric, PLANTIER Sandra, THUINE Véronique (dir.). Espace et temps. La science-fiction, un outil transversal pour l'histoire et la géographie. Actes des Journées Enseignement et Science-Fiction vol. 4. Editions Somnium, décembre 2018.


CAS (Centre d'Analyse Stratégique). Actes du colloque De la science-fiction à la réalité. 19 décembre 2012. Lire.
 

CHEVASSUS, Ludovic. Questionner la Science Fiction dans nos enseignements : lubie d’étranges illuminés ? Juillet 2019 in Clio-Geek. Lire.


CHION, Michel. Les films de science-fiction. Cahiers du cinéma. 13/11/2008.

 

GIRARD, Bernard et GENDRON, Corine. Quand l'imaginaire produit du social. Les cahiers de la CRSDD ; Collection thématique La science-fiction : un regard sur l’organisation des sociétés post-écologiques, No 03, 2010.


HAVER, Gianni et GYGER, Patrick. De beaux lendemains ? Histoire, société et politique dans la science-fiction. Editions Antipodes. 2002.


HOTTOIS, Gilbert (dir). Science-fiction et fiction spéculative. Coll. Revue de l'Université de Bruxelles. 1985. Lire.


JAMESON, Frédéric. Archéologies du futur. Volume 1 Penser avec la science-fiction - Volume 2 Le désir nommé utopie. Max Milo édition. 1997.


RUMPALA, Yannick. Entre anticipation et problématisation : la science-fiction comme avant-garde. Contribution pour le colloque Comment rêver la science-fiction à présent ? Cerisy- la- Salle, 25 juillet–3 août 2009.


RUMPALA, Yannick. Tester le futur par la science-fiction. In Revue Futuribles, n°413, juillet-août 2016. Lire.


RUMPALA, Yannick. Littérature à potentiel heuristique pour temps incertains. Methodos, 15 | 2015, mis en ligne le 24 juin 2015, consulté le 05 janvier 2020. Lire.


TERRE, Denis (dir). La science-fiction dans l'histoire, l'histoire dans la science-fiction. Revue Cycnos, Volume 22, n°1 et 2. Octobre 2005. Lire.

 

VAS-DEYRES, Natacha. La science-fiction, une machine à écrire les futurs. NRP Collège. Mars 2016. Lire.

 

 


Histoire de la SF et du cinéma de SF


ANDREVON, Jean-Pierre. Repères idéologiques pour une chronologie de la science-fiction au cinéma. In Demain la SF, Cinéma d'aujourd'hui n°7, 1976.


ANDREVON, Jean-Pierre. 100 ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction, Rouge profond, 2013.


BILLARD, C. Le cinéma de science-fiction. CinémAction n° 68, 1993.


BOUYXOU, Jean-Pierre. La Science-fiction au cinéma. Collection 10/18. 1971.


CAMERON, James. Histoire de la science-fiction. Mana Book. 2019.


DUFOUR, Éric. Le Cinéma de science-fiction : Histoire et philosophie. Armand Colin, 2011.


Les Inrocks. La Science-fiction à l'écran. N° 52. 2013. Voir le sommaire sur NoosFere (https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146586614)


LAFOND, Franck. Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction. Editions Vendémiaire. 2014.


LE POINT Pop culture. Les chefs-d'œuvre de la science-fiction . Hors-série 2018. Lire.


VERSIN, Pierre. Encyclopédie de l'utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction, Lausanne, L'Age d'homme, 1972. Réédition 2000.


 

En vrac, sur le Web


ACADEMIE de CLERMONT. Une présentation de la SF et son histoire. Lire.


Sur le site CICLIC, une frise sur l'histoire du cinéma de science-fiction. Lire.


The Sci-Fi Timeline sur le site GLOW. Lire.

Sur cette frise les films sont placés en fonction de la date où se déroule leur histoire (de 2001, L'Odyssée de l'espace à 2805, Wall-E).


HAREL, Yan. Une Chronologie du Cinéma de Science fiction en 566 films. Lire.


Le site du festival Les INTERGALACTIQUES de Lyon, festival de science-fiction.


Le Blog de DJ MISS PHOEBE. Chroniques du cinéma de SF. Lire.


LE CINEMA EST POLITIQUE. Un blog avec des analyses 'décapantes' de certains films de SF.
 

LEMAGDUCINE. Un article sur la SF des années 2010. Lire.


NOOSFERE, site sur la science-fiction littéraire en langue française.

 

PENSO Gilles. Encyclopédie du cinéma fantastique. Lire. A noter les fiches thématiques.


RES FUTURAE, revue d'étude sur la science-fiction. Lire. (Un dossier est annoncé pour 2020 : Tendances et évolution du cinéma de SF dirigé par Michel Tron).

Le blog de Yannick RUMPALA.


SENS CRITIQUE. Trouver des critiques de films.

 

USBEK&RICA, le magazine qui explore le futur. Lire.

 

UP' Magazine. Imaginaire, SF et prospective. Lire.


Sur la WIKIPEDIA, La chronologie du cinéma de science-fiction.


SFPANORAMA. Site sur la SF, surtout littéraire. Lire.


 

A voir et écouter

 

LETHBRIDGE, Chris. Science-Fiction, le futur au présent : demain mode d'emploi. Documentaire de 1997. Voir.

 

La chaine Youtube BiTS, presque culte (ARTE) et sa rubrique SF.

 

Age d'or (années 50-60)

Le cinéma de SF est dominé par les Etats-Unis (entre 1948 et 1962 près de 500 films de SF sortent sur les écrans(2) même si, faute de moyens, les films relèvent plutôt de la série B. Le contexte impacte les thèmes traités : guerre froide, peur nucléaire, crainte du communisme, course à l'espace...


Expansion et diversification (années 70-90)

Le cinéma de SF sort de la marginalité par 2 biais. D'abord Hollywood sent le filon (surtout après le succès phénoménal du film de Georges Lucas La Guerre des étoiles en 1977) et y consacre de solides budgets y compris en débutant les adaptations au cinéma des Super héros des Comic's (Superman de Richard Donner en 1978). Mais aussi, surtout en Europe, la SF est investie par le cinéma d'auteur, avec, par exemple, Andrei Tarkovski (Solaris en 1972 et Stalker en 1979). Dans le même moment ce cinéma devient beaucoup plus critique et militant, surtout avec le courant cyberpunk des années 90.

En 1982 sortent Tron (Steven Lisberger) et Blade Runner (Ridley Scott) : le cinéma de SF entre dans l'ère numérique, et, avec Matrix (1999, Lana et Lilly Wachowski) dans le monde du cyberespace.

Aelita, trailer (Yakov Protazanov, 1924)

Le cinéma de SF du XXI° siècle

 

Le cinéma américain post-11 septembre

Dominateur depuis des décennies le cinéma américain prend de plein fouet les attentats du 11 septembre 2001. Les années 2000-2010 sont celle où les blockbusters cartonnent au box-office, bien servis en cela par les progrès considérables en matière d'effets spéciaux. Même s'ils privilégient le spectacle (et la rentabilité) ces films s'emparent des problématiques écologiques et géopolitiques pour proposer des films « avertissement » : apocalypses, dépérissement, totalitarisme-s...

 

Une mondialisation du cinéma de SF

Débuté à la fin du XX° siècle on observe une mondialisation du cinéma de SF. Celle-ci prend 3 visages :

  • Le genre SF est devenu un générateur de blockbusters rentables à l'échelle planétaire. Quand on lit la liste des films les plus rentables de l'histoire, 12 des 20 premiers relèvent de la SF dont les 2 premiers, Avengers End Game (2019, Anthony Russo) et Avatar (2009, James Cameron)... Ça coûte cher mais ça rapporte gros !
  • L'écrasante domination du cinéma US s'est encore accentué : 100 % des films de SF les plus rentables sont américains. La SF au cinéma est donc une élément important du Soft Power US.
  • Mais le cinéma de SF n'est pas l'apanage exclusif des Etats-Unis. L'Europe produit essentiellement des films d'auteurs, sans débauche de moyens, aux ambitions de diffusion limitées, à l'image du récent High Life (2018, Claire Denis). L'Asie, essentiellement la Chine (Hong-Kong, Taïwan et RPC), produit des films fortement hybridés (arts martiaux, comédie, horreur...) dans lesquels la SF est souvent une sorte de prétexte(3).

 


 

II- Le cinéma de SF pour dire le présent


 

1) Du film de SF et de ses « fonctions »

 

Un film (de SF ou non) est d'abord une œuvre d'art ayant comme fonctions premières de nous toucher (rire, larmes, peur...), de nous divertir et de nous faire réfléchir. Mais il présente 3 autres « fonctions » intéressantes :

 

  • une fonction « miroir» ou « thermomètre » : dans les films de SF ce sont les représentations du monde contemporain des créateurs qui servent d'arrière plan aux histoires racontées. A ce titre, les films de SF, comme un thermomètre, traduit les craintes et les angoisses, mais aussi les espoirs de la société. Cependant le cinéma est un art de masse dont les contraintes commerciales contribuent à grossir et/ou déformer ces représentations. Des exemples de cette fonction miroir :
    • les films de monstres des années 50 et 60 aux États-Unis reflètent la peur du nucléaire et la crainte du communisme (comme L'invasion des profanateurs de sépulture de Don Siegel en 1956)
    • Dans Planète interdite de Fred Wilcox en 1958, si l'avenir est à l'exploration spatiale... ce sera pour les hommes car les femmes restent à leur place et Anne Francis (Altaira Morbius dans le film) recherchera les bras protecteurs du héros, incapable qu'elle est de se défendre face au monstre... Le film date des années 50, ne l'oublions pas : une science-fiction d'hommes, dans un monde d'hommes...

 

  • Une fonction « infléchissante » : à leur échelle, les films de SF contribuent à façonner nos modes de pensée. A ce titre ils ne se démarquent en rien des autres productions culturelles si ce n'est qu'en se plaçant (le plus souvent) hors du temps présent et dans un futur plus ou moins proche le message passe peut-être de façon plus subtile. On peut dire que le film de SF contribue à préparer les esprits à ce qui pourrait arriver. Des exemples de cette fonction qu'on peut aussi qualifier de prescriptive :
    • dans les films de monstres des années 50 et 60 aux États-Unis (encore!) il est certain que le message anticommuniste passe très bien, par exemple au travers des fourmis géantes du film Des monstres attaquent la ville de Gordon Douglas en 1954
    • un film comme Avatar (2009, James Cameron) vaut comme avertissement écologique

 

  • Une fonction « prospectiviste » ou « spéculative » : la SF et son cinéma, en s'interrogeant sur le présent, offre un regard prospectif. Attention il ne s'agit pas de savoir si ce que montre tel ou tel film s'est ou non vérifié (ce serait une fonction « prédictive »(4)), mais plutôt de prendre ce qui est montré (le film contient toujours une ou des problématiques) comme une possibilité (le fameux 'Et si ? »), un scénario, une hypothèse, une exploration (par exemple la place de l'homme dans un monde de machines). Or, débarrassé du fardeau du présent, le film de SF peut être audacieux et novateur ! Par contre, et cela semble paradoxal, le passé est abondamment convoqué dans les films de SF (et pas seulement avec le Steampunk rétrofuturiste des années 80) pour parler de l'avenir ! Des exemples de cette fonction spéculative :
    • les relations homme / machines sont décrites sous de multiples variantes entre oppression (Terminator, James Cameron, 1985), cohabitation (Clones, Jonathan Mostow, 2009), fusion (Robocop, Paul Verhoeven, 1988), etc.
    • le dérèglement climatique : peut être dévastateur mais salvateur (2012, de Roland Emmerich, 2009) ; peut pousse l'humanité vers les étoiles (Interstellar, Christopher Nolan, 2014) ; etc.


2) Des précautions à prendre

Le propos de ce site ne concerne que le cinéma de science-fiction. Il est forcément réducteur et périlleux :

  • réducteur car la SF est un genre polymorphe : littérature, bande-dessinée, art plastique, télévision, radio, jeux vidéo... En se concentrant sur le cinéma de SF on se prive, en particulier, des séries, devenues depuis quelques années, un vivier étonnant de créativité. Tant pis !
  • Périlleux car il faudra avoir en tête plusieurs éléments propres à affaiblir le propos :
    • d'abord une très grande partie des films sont des adaptations d’œuvres littéraires : il faudra essayer d'envisager le film pour ce qu'il est tout en tissant les liens avec l’œuvre originale (particulièrement les questions de dates). Prenons l'exemple de La machine à explorer le temps : George Pal adapte en 1960 le roman de H.G. Wells (1895) en reconstituant soigneusement le cadre victorien mais modifie la narration pour s'adapter au public américain des années 50-60 : il met l'accent sur les guerres que traverse le voyageur, il insiste sur la menace nucléaire ; il minimise la vision pessimiste du romancier et privilégie l’aventure, l’action et l’intrigue sentimentale(5) ;
    • ensuite certains films, et non des moindres sont des sagas qui s'étendent sur de longues périodes : La Guerre des étoiles c'est 9 films entre 1977 et 2019 ! Pensons aussi aux Star Trek, Terminator et autres X-Men...). Il faudra être précautionneux quand aux dates et aux contextes...
    • enfin des films sont des remakes ou des reboots (le Robocop de Paul Verhoeven de 1986 a été réadapté en 2014 par José Padhila) : il faudra les traiter différemment.

Conclusion

Thermomètre de son époque et/ou prescripteur de message, le film de science-fiction peut également avoir une fonction de prospective. Mais que ces postulats 'sérieux' ne fassent pas oublier un aspect fondamental : c'est avant tout un spectacle et une production artistique qui peut s'apprécier objectivement (qualité de la mise en scène, acteurs, scénario, etc.) et subjectivement (plaisir, goût, émotion). Par conséquent il faudra se garder de toute sur-interprétation et préserver l'émotion tout en analysant sérieusement ce que le film de SF nous dit de notre présent.